Introduction aux logiciels libres
- des enjeux techniques, une motivation altruiste -
Qui n'a jamais piraté un logiciel ? Combien d'entre nous ont déjà pris la peine de lire les licences des programmes installés ?
Les logiciels courants (Windows, Word etc...) nous ont fait prendre des habitudes d'utilisation dont on aurait du mal à se débarrasser. Et d'ailleurs, pourquoi s'en débarrasser ? « Payer un produit plusieurs centaines d'euros ou le recopier pour deux euros tout au plus, le choix est vite fait! Quel intérêt de lire les licences des logiciels que j'installe puisque je les ai payés. Je peux bien les utiliser comme je l'entends, non ? »
Cette attitude et ces habitudes sont très répandues dans le monde de l'informatique. Elles ne sont cependant pas une fatalité.
A l'instar du système d'exploitation Linux, les logiciels libres ne laissent pas indifférents. Que l'on soit agacé ou enthousiaste, les interrogations que soulèvent les logiciels libres permettent de remettre à plat des certitudes acquises avec l'utilisation des logiciels commerciaux et vous rendent les libertés que les logiciels propriétaires vous ont enlevées.
L'objectif de ce document est de vous fournir quelques éléments afin de mieux comprendre les enjeux liés aux logiciels libres.
Autoformation - I.U.F.M. de Toulouse - 2001-2002
Pour bien percevoir ce qui différencie un logiciel libre des autres programmes, il faut d'abord comprendre ce qu'est le code source d'un programme. Pour cela, prenons une image, celle de la mousse au chocolat.
Au départ, la mousse au chocolat, c'est une recette (lisible par n'importe qui sachant lire) avec des ingrédients. A l'arrivée, c'est une mélange homogène qui n'a plus grand chose à voir avec les ingrédients de départ. Et si l'on n'y connaît rien en cuisine, en mousse au chocolat et si l'on ne possède pas la recette, on n'est bien incapable de revenir en arrière, c'est-à-dire d'expliquer comment et avec quoi a été faite la mousse au chocolat.
Un programme informatique (comme Windows ou Microsoft Word), c'est un peu similaire. Au départ, c'est un ensemble de lignes de code (lisibles par tous les informaticiens qui connaissent le langage utilisé) composées de différentes instructions (cet ensemble est appelé 'code source du programme'). Ensuite, ce code source est compilé (on parle de forme binaire), c'est-à-dire, de façon très schématique, qu'il est traduit dans le langage de l'ordinateur, une langue incompréhensible pour les humains mais pas pour la machine. Tout comme la mousse au chocolat, une fois compilé, le programme est non seulement illisible par une personne mais en plus, il est quasiment impossible de revenir en arrière (vers la 'recette originale') et donc de savoir comment il a été écrit. Une conséquence immédiate est que, lorsqu'on ne possède pas le code source d'un programme, on n'a aucun moyen de contrôle sur le programme en question, c'est-à-dire que l'on n'est incapable de déterminer son fonctionnement exact (sans la recette de la mousse au chocolat, vous ne pouvez pas savoir quels sont les ingrédients utilisés). Evidemment, sans code source (la recette), il n'est pas possible de modifier le programme.
Un logiciel libre est un programme protégé par une licence spécifique extrêmement précise qui autorise notamment :
tout utilisateur à recopier le programme à volonté, quel qu'en soit l'usage, personnel ou professionnel*;
à redistribuer le programme sans avoir le moindre compte à rendre au créateur du programme ou à une société;
tout utilisateur à pouvoir lire, modifier et redistribuer le code source du programme.**
* : il y a des restrictions mais elles ne concernent pas un utilisateur 'normal', c'est-à-dire un utilisateur qui ne va ni modifier le programme, ni le revendre par exemple.
** : on pourrait croire que ce dernier point n'intéresse que les informaticiens. En fait, l'accès au code source du programme vous assure une transparence totale de par le fait qu'en cas d'anomalie ou de bizarrerie intégrées au programme, il se trouvera à coup sûr un programmeur capable de les détecter et de les corriger ou, le cas échéant, d'avertir les utilisateurs des dangers liés à l'utilisation de ce programme.
En termes simples, si un utilisateur recopie un logiciel libre, en fait des copies pour ses élèves, ses employés ou ses ami(e)s, il ne commet alors aucune infraction et n'enfreint aucune loi. Ce type de comportement est même souhaité par l'auteur du logiciel qui espère, de ce fait, que vous lui ferez part de vos commentaires/suggestions afin de lui permettre d'améliorer son oeuvre (mais rien ne vous y oblige).
Ces licences (la plus célèbre étant la G.P.L. pour G.N.U. General Public Licence) ont été écrites afin de permettre une large diffusion des connaissances liées au logiciel. C'est un esprit de partage du savoir (le même que celui du monde enseignant) qui a motivé les créateurs de ces textes, à l'inverse des logiciels propriétaires qui privent, eux, les utilisateurs de quasiment toute liberté.
De très nombreux logiciels commerciaux ont leurs pendants libres , ce qui ne signifie en rien que l'équivalent libre soit moins performant que le programme payant. Voici quelques exemples de ce qui se fait actuellement (novembre 2001) du côté des logiciels libres sous Windows :
Type de logiciel |
Logiciel payant |
Equivalent libre |
Type de licence |
Où télécharger/se tenir au courant |
Taille approximative |
Suite bureautique |
Microsoft Office |
OpenOffice.org |
G.P.L. |
35 Mo |
|
Traitement d'images |
Photoshop |
The Gimp |
G.P.L. |
15 Mo |
|
Aspirateur web |
Memoweb |
Httrack |
G.P.L. |
2 Mo |
|
Navigateur Internet |
Internet Explorer |
Mozilla |
G.P.L. |
10 Mo |
|
Contrôle à distance
d'un ordinateur Simulation d'un vidéoprojecteur |
PC-Anywhere |
V.N.C. |
|
http://www.uk.research.att.com/vnc (ou passer par une recherche sur Google) |
1 Mo |
Vous pouvez aussi consulter http://www.jesuislibre.org qui fait connaître et diffuse des logiciels libres francophones, http://sourceforge.net qui met en ligne les projets de logiciels libres existants (mais pas nécessairement francophones) ou, le plus complet, http://freshmeat.net (en anglais) qui tente de répertorier tous les logiciels libres en circulation. Enfin, un enseignant a créé un site (http://www.framasoft.net ) qui répertorie les logiciels libres ou gratuits utilisables dans le cadre de l'enseignement.
Enfin, si vous découvrez un nouveau programme, lisez la licence qui l'accompagne pour déterminer s'il s'agit d'un logiciel libre. En règle général, un logiciel libre sera sous licence G.P.L.. (mais ce n'est pas la seule). N'hésitez pas à surfer sur Internet car le monde du libre regorge d'informations. Pour vous aider, utilisez http://www.google.fr , un des moteurs de recherche les plus puissants actuellement.
Un logiciel libre, comme tout programme, présente des avantages et des inconvénients. Détaillons-en quelques uns :
Des inconvénients :
un logiciel libre dépend d'une communauté de programmeurs plus ou moins actifs. Si le programme est d'une très grande utilité pour beaucoup de monde, alors il évoluera extrêmement rapidement (la lecture des D.V.D. avec le système d'exploitation Linux était difficile au début de l'année 2001. Neuf mois plus tard, ce n'est presque plus qu'un mauvais souvenir). Si, au contraire, les programmeurs qui s'occupent du logiciel n'ont pas de temps à lui consacrer, alors il évoluera lentement voire pas du tout pendant des mois (mais libre à vous d'aider cette communauté!);
un logiciel libre connaît des dysfonctionnements, tout comme les logiciels commerciaux;
un logiciel libre n'a pas toujours toutes les fonctionnalités, ni toute la convivialité que l'on est en droit d'attendre d'un logiciel commercial. Son utilisation est alors réservée à des utilisateurs avertis et motivés!
Tout ceci représente le prix à payer pour
avoir une totale liberté d'utilisation du logiciel.
Et des avantages :
la question du piratage ne se pose pas : recopier et distribuer à volonté un logiciel libre est tout à fait légal;
un logiciel libre ne dépend d'aucune société. Si le principal mainteneur du programme abandonne son projet, n'importe qui peut reprendre le travail;
un logiciel libre évolue souvent très rapidement du fait du nombre de programmeurs qui peuvent travailler librement à son amélioration. S'il manque une fonction, vous pouvez écrire au responsable en lui demandant, gentiment, d'intégrer votre fonction préférée;
un logiciel libre qui a atteint une certaine maturité de développement est souvent largement plus stable (i.e. qu'il a moins de dysfonctionnement) qu'un logiciel commercial car, dès qu'un bogue est trouvé, il est généralement très rapidement corrigé (certains bogues de sécurité sont parfois corrigé quelques minutes après leurs découvertes!);
un logiciel libre rapproche le(s) développeur(s) des utilisateurs, ces derniers pouvant contacter le(s) mainteneur(s) du programme ou intervenir sur le programme lui-même, qui pour l'améliorer, qui pour le traduire dans sa langue natale etc...;
le monde du libre bénéficie d'une large audience, sur Internet en particulier. Ainsi, en cas de problème, il existe une masse impressionnante de documents d'informations (didacticiels, questions-réponses etc...) consultables et téléchargeables gratuitement. Il est aussi possible de demander de l'aide via des listes de discussion par exemple;
un logiciel libre ne peut pas contenir de sous-programmes mal intentionnés ou inutiles (comme c'est le cas pour certains programmes commerciaux) puisque n'importe quel informaticien compétent peut scruter le code source et contrôler ainsi ce que fait réellement le programme;
dernier point et non le moindre, un logiciel libre est, la plupart du temps, gratuit ou peut se télécharger sur Internet.
Cette question est complexe. En fait, tout dépend de vos besoins. Cependant, les logiciels libres sont à même de répondre à un grand nombre de besoins (même évolués).Il est cependant impératif que le logiciel libre soit aussi puissant, simple d'utilisation et efficace que son pendant commercial. C'est le cas des programmes suivants :
la suite bureautique OpenOffice.org à la place de Microsoft Word ou Lotus Word Pro et Microsoft Excel ou Lotus 123;
le logiciel de traitement d'images The Gimp à la place de Photoshop ou Paint Shop Pro ;
la navigation sur Internet avec Mozilla au lieu d'Internet Explorer ou Netscape ;
la conception de pages web basiques avec Mozilla Composer ;
l'aspiration de sites web avec Httrack à la place de Memoweb ;
le contrôle à distance d'un ordinateur (afin de contrôler ou corriger ce que fait un élève) et la simulation d'un vidéoprojecteur (la machine de l'enseignant sert de poste de référence sur lequel les élèves se connectent et voient ce qu'il s'y fait : l'enseignant exécute une tâche sur sa machine, les élèves voient, sur leur ordinateur, ce que l'enseignant fait) avec VNC.
Tous ces programmes sont simples d'utilisation. De plus, outre de substantielles économies, ces choix permettraient de sensibiliser les stagiaires et les élèves à la question du partage des connaissances qui animent les concepteurs des logiciels libres, au problème des formats de fichiers et des libertés individuelles en danger avec les brevets logiciels. Cela soulagerait par la même occasion l'organisme de formation et les établissements scolaires vis-à-vis des problèmes soulevés avec les licences des programmes. Enfin, dans le cadre d'une formation, cela permettrait aux stagiaires de démarrer plus rapidement leur formation sans avoir à attendre l'hypothétique achat des logiciels, ces derniers pouvant être distribués par l'organisme de formation lui-même
Le ministère a signé un accord avec l'A.F.U.L. (l'Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des logiciels libres) afin de favoriser l'utilisation des logiciels libres au sein des établissements scolaires. L'A.F.U.L. apporte un soutien technique lorsque cela est nécessaire. Très concrètement, il n'y a cependant pas de véritable volonté politique pour promouvoir les logiciels libre. Les choses changent, lentement mais sûrement!
Sachez, enfin, que l'utilisation de logiciels libres au sein de l'Education Nationale est préconisée et même encouragée.
http://julien.noel.free.fr/iufm/libre/ : vous trouverez différents documents liés au monde du logiciel libre, dont :
http://julien.noel.free.fr/iufm/libre/dicosmo.htm : Roberto DICOSMO, auteur du livre "Le Hold-Up Planétaire", explique, dans cet article, comment la société Microsoft est arrivé à faire croire à ses clients que ses logiciels étaient de bons produits et de quelle manière elle est parvenue à s'approprier les données de ses clients à leur insu.
http://julien.noel.free.fr/iufm/libre/ mondedip.htm : un article du Monde Diplomatique où il est expliqué tout l'intérêt des logiciels libres et le danger que peut représenter le monopole de certains éditeurs.
http://julien.noel.free.fr/iufm/libre/ cathbaza.htm : un article qui explique comment s'organise le développement de logiciels libres (comme Linux).
http://www.aful.org : l'Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des logiciels libres a signé un accord avec le Ministère de l'Education Nationale afin d'assurer la promotion des logiciels libres au sein de l'Education Nationale.
http://www.april.org : l'Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre monte en première ligne à chaque fois qu'elle estime la liberté informatique en danger. Son site fait oeuvre de pédagogie autant que de prosélytisme mais vaut largement le détour.
http://www.mtic.pm.gouv.fr/bouquet-libre : la MTIC (Mission Interministériel de soutien technique pour le développement des technologies de l'Information et de la Communication dans l'administration) vise essentiellement à diffuser le logiciel libre dans les services de l'Etat.
http://linuxfr.org : pour suivre l'actualité concernant Linux et les logiciels libres.
http://www.fsf.org/home.fr.html : le site de la Free Software Fundation, pionnière dans le monde du logiciel libre.
http://france.fsfeurope.org/ : son homologue français.
http://www.jesuislibre.org : répertorie les logiciels libres francophones.
http://www.sourceforge.org : met en ligne les projets de logiciels libres existants. Plus complet que le précédent, les logiciels référencés ne sont pas systématiquement traduits (mais, puisqu'ils sont libres, il est tout à fait possible de les traduire et d'offrir votre travail à la communauté).
http://freshmeat.net : LA référence qui répertorie tous les logiciels libres en circulation sur Internet. Site en anglais.
http://www.framasoft.net
: un site créé par un enseignant pour les enseignants.
La démarche est la suivante : après avoir découvert
tous les logiciels libres ou gratuits existants sous Windows, après
les avoir utilisés, le passage vers le monde Linux se fera naturellement.
Si vous souhaitez avoir de plus amples informations ou si vous avez des commentaires/corrections à soumettre, vous pouvez contacter l'auteur de ce document en envoyant un courrier électronique à : julien.noel@toulouse.iufm.fr . Réponse assurée.
Ce document a été écrit avec le logiciel libre Mozilla Composer (mais il y a mieux, je sais ;-).